
Smartphones et géolocalisation
27 Janvier 2014
Les technologies d’information mobiles peuvent être utilisées à des fins de surveillance, mais peuvent aussi devenir des armes de résistance culturelle et de dissidence politique.
Transcription traduite en français
Si les réseaux sociaux numériques et les technologies d’information mobiles permettent de réinventer nos modes de connexion et de déconnexion en contexte de mobilité, le temps est venu de s’interroger sur la façon dont l’appropriation au quotidien de ces technologies et données de géolocalisation peut remodeler les relations de l’homme à la communauté, à l’engagement militant et à la sphère politique.
D’un côté, l’étude des technologies de géolocalisation pose des questions fondamentales quant à la façon dont elles brouillent, sapent ou transforment la vie privée, l’espace public et le « place-making* ». Certains détracteurs reprochent aux applications de géolocalisation leur inscription dans une logique de commercialisation de notre réseau social mobile, utilisé par exemple pour promouvoir des produits ou commerces du voisinage, par le biais d’offres ou de bons de réduction électroniques.
Ces techniques posent aussi la question du harcèlement et de la violation de la vie privée, qui émerge dans certains contextes de réseaux sociaux mobiles. D’autres observateurs soulignent les collusions possibles entre utilisation des smartphones et dispositifs technologiques de surveillance, secondant des intérêts professionnels ou militaires.
D’un autre côté s’ouvre un champ de recherche qui met en avant la créativité, la mobilisation sociale, la formation de nouvelles agoras publiques et pratiques artistiques mobiles, qui façonnent un « urbanisme augmenté » sur le plan numérique, que certains décrivent comme lieu d’interconnexions. Certains artistes et militants de ces nouveaux médias tentent de s’affranchir de la logique commerciale et de créer des lieux alternatifs de résistance, de partage et de convivialité.
À l’aide de l’internet mobile, d’appareils portatifs et des technologies de géolocalisation, nous pouvons faire émerger les conditions de pratiques culturelles et spatiales constructives, qui alimentent en outre une forme de critique des modèles de mobilité dominants, et offrent des espaces possibles de dissidence politique et de contre-pouvoir.
*appropriation des espaces publics par la communauté
- Mobilisation
La mobilisation est l’action par laquelle les individus sont appelés à se mettre en mouvement pour se rassembler dans l’espace public en vue d’une entreprise concertée, que ce soit pour exprimer et défendre une cause commune ou pour participer à un événement. En ce sens, il s’agit d’un phénomène social relevant du champ de la mobilité. Cet article a été rédigé par Sylvie Landriève, Dominic Villeneuve, Vincent Kaufmann et Christophe Gay.
Mots-clés : Modernité, Mobilités virtuelles, Réseaux, Pouvoir, Prospective
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Mimi Sheller
Sociologue
Professeur de sociologie à l’Université de Philadelphie. Elle y dirige le Centre de recherches et de politiques sur les nouvelles formes de mobilités, dont elle est la fondatrice. Comptant parmi les principaux théoriciens des études sur les mobilités, elle a aussi fondé avec John Urry le Centre de Recherche sur les Mobilités de Lancaster.