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Biorégion Ile-de-France 2050

Recherches terminées
Début: Février 2017
Fin: Mai 2019

Dans le projet Biorégion Île-de-France, Yves Cochet, Agnès Sinaï et Benoit Thévard de l’Institut Momentum appliquent l’hypothèse d’une sortie de l’Anthropocène en rupture avec nos modes de vie actuels à l'Île-de-France.

Acteurs de la recherche

Acteurs de la recherche

 

Contact : Thomas Evariste

L’ambition du projet :

L’automobile est au cœur d’un système désormais bien documenté qui pose des problèmes de santé publique (accidents, pollution, sédentarité), consomme et dégrade une part importante de l’espace, qu’il soit urbain ou rural et, qui plus est, participe au changement climatique.

Caractérisée par une densité humaine et bâtie hors normes, l’Île-de-France souffre de plus en plus de pics de pollution et d’embouteillages à répétition, et de son extrême dépendance à un système de production et de distribution lui-même de plus en plus mondialisé. De ce fait, elle constitue un cas limite particulièrement intéressant pour penser une sortie du « tout voiture » et plus généralement, la fin de notre addiction au pétrole.

Or, si nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’une transition vers des modes de vie plus désirés et plus soutenables est nécessaire, force est de constater que la prise de conscience tarde à se concrétiser dans les politiques publiques, au risque qu’il soit trop tard. Si un effondrement de notre système nous prenait de court ? Un futur désirable sera-t-il alors encore imaginable ?

Le Forum Vies Mobiles a proposé à l’Institut Momentum d’explorer un scénario francilien à horizon 2050, en rupture avec nos modes de vies actuels, répondant à trois grandes hypothèses :

  • la prise de conscience a trop tardé et l’effondrement du système actuel a eu lieu ;
  • les territoires ont dû trouver une forme nouvelle d’autonomie en termes d’approvisionnement énergétique, de production alimentaire et de modes de déplacement ;
  • et une décroissance démographique d’envergure en a résulté.

Inspirés par l’exemple concret de collectivités post-pétrole telles que San Buenaventura en Californie, Bristol et Birmingham en Angleterre, Yves Cochet, Agnès Sinaï et Benoît Thévard adoptent une approche systémique et holistique pour leur travail de scénarisation : leur idée est de transformer et de réorganiser le territoire régional autour de milieux de vie locaux, les biorégions 1.

Pour cela, ils ne se contentent pas d’utiliser la méthode du backcasting. Ils intègrent plusieurs ruptures fondamentales au cours des prochaines années pour imaginer une Île-de-France où l’automobile aura disparu ou presque, qui sera plus résiliente de façon à tendre vers une organisation humaine viable, réellement durable, voire désirable.

Les grands résultats :

Le visage de l’Île-de-France en 2050 : une réorganisation en Biorégions
A contrario de la centralisation actuelle, une nouvelle société francilienne, en rupture avec la précédente, se serait organisée progressivement en huit biorégions. Il s’agirait de territoires plus autonomes découpés de façon à permettre aux populations de vivre en indépendance alimentaire et énergétique, limitant ainsi les déplacements des individus et des marchandises. Plutôt qu’une organisation administrative et politique basée sur un découpage arbitraire (en fonction notamment des infrastructures ou des intérêts économiques et politiques), c’est l’écosystème naturel qui serait pris en compte, avec pour objectif de limiter la dépendance aux grandes industries agroalimentaires. Côté transports, le nombre de véhicules individuels serait divisé par 55, soit 90 000 voitures en Île-de-France en 2050, contre cinq millions en 2015. La traction animale serait à nouveau développée et les lignes ferroviaires secondaires réhabilitées. En 2050, la consommation énergétique de la région aura été divisée par trois et sa population par deux. L’emploi agricole deviendra la première source d’activité devant les services marchands et les services publics.

Les recommandations de Momentum pour faire face à l’effondrement en Île-de-France
Si la société actuelle ne change pas d’orientation (croissance économique, croissance des mobilités carbonées, consommation des ressources, productivisme, …), le risque d’effondrement est réel. Pour limiter ces risques, ou au moins les impacts d’un effondrement en Île-de-France, des solutions existent :

  • Diviser par deux le nombre d’habitants dans la région. Plutôt que d’attendre une décroissance démographique forcée, il faut organiser une déconcentration des activités. C’est d’autant plus plausible que l’étude Aspirations et projets de mobilité résidentielle des Franciliens du Forum montre qu’une personne sur deux souhaite quitter l’Île-de-France.
  • Réduire progressivement la consommation énergétique par habitant à une tonne équivalent pétrole, soit une division par 2,6 par rapport à la moyenne nationale actuelle. Développer un réseau de production locale d’électricité afin de tendre à l’autosuffisance énergétique.
  • Réduire les déplacements et le nombre de voitures : passer d’environ cinq millions aujourd’hui à moins de 90 000 véhicules en Île-de-France en 2050. Ouvrir les champs aux circulations pédestres ; développer une culture du cheval et de la traction animale. Valoriser et réhabiliter les lignes ferroviaires secondaires en Île-de-France.
  • Promouvoir une nouvelle donne économique basée sur la proximité des échanges, les énergies renouvelables et la gestion des communs par un établissement foncier agricole biorégional et des manufactures coopératives.
  • Promouvoir les métiers manuels et le low-tech. Passer de dix mille emplois agricoles en 2017 en Île-de-France, à environ un million et demi en 2050.
  • Transformer en polycultures les 600 000 hectares de surface agricole utile de l’Île-de-France afin de garantir son autosuffisance alimentaire.
  • Assurer la continuité des trames vertes par l’insertion de parcs agricoles urbains résorbant les entrées de villes.
  • Valoriser le rationnement comme principe d’égalité des citoyens et de lutte contre le dépassement


Documents à télécharger


Téléchargez le rapport complet

Le projet Biorégions 2050 a été l’objet d’une publication téléchargeable gratuitement : Téléchargez la publication Biorégions 2050





Notes

1  Une biorégion est un territoire dont les limites ne sont pas définies par des frontières politiques, mais par des limites géographiques qui prennent en compte tant les communautés humaines que les écosystèmes. Le terme est défini pour la première fois dans l’article « Reinhabiting California » publié en 1977 dans la revue The Ecologist par Peter Berg et Raymond Dasmann.

La première biorégion à avoir été fondée est la biorégion de Cascadia, qui englobe les États de l'Ouest du Canada et des États-Unis, de l'Alaska au Nord de San Francisco. La biorégion invoque le processus de co-évolution sur la longue durée avec le milieu ambiant dans des terri-toires qui sont des êtres vivants : un équilibre de co-évolution entre établissement urbain et milieu ambiant, une équité territoriale entre ville et campagne.

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